
La Commission de délivrance de la Carte de presse, ayant à sa tête Sévérin Tchounkeu, a été installée le 8 juillet 2015 à Yaoundé par le Ministre de la Commission, Issa Tchiroma Bakary. A peine installée cette Commission et son président sont déjà au centre d’une vive polémique. Voici les avis des journalistes camerounais recueillis par notre rédaction.
Jean-Claude Mbede, Journaliste, Fondateur de www.all-tv.tv à Milan et Actuel Directeur de la Communication pour la Coopération italienne en Ethiopie, DJibouti et Sud Soudan, Membre Titulaire de l\’Ordre des Journalistes Italiens.
« Je parts du fait qu’en l\’Etat actuel des choses, tout débat sur cette question est voué à rester sans actions, ni solutions concrètes. Et pardonnez que je commence par un aspect sentencieux. Les perdants ici ce sont les journalistes. Une autre considération m\’amène à dire que, ni le gouvernement, ni les syndicats, ni les patrons de presse, se moquent des journalistes et travailleurs des medias. Au demeurant, je me serais volontiers aligné sur les positions au combien véridiques du président du SJNC, ce Syndicat qui refuse de défendre certains de ses membres quand ils se retrouvent en exil, parce qu’ils n\’appartiennent pas dans les mêmes réseaux occultes.
C\’est au tour de cette parole forte que se situe le débat. LE RESEAUTAGE. Bien sûr, le gouvernement a envie de limiter la critique et veut exclure ceux qui dérangent. Au même moment, le gouvernement est dos au mur. La plupart des bras armés qui malmènent l\’image de la profession sont sans pouvoir répondre aux critères que le gouvernement même a définis. Au grand risque de fâcher ses adeptes. Ceux qui font du service secret pour trahir les vrais journalistes. Eh bien C\’est là où on en revient a accuser froidement les syndicats et les patrons de presse. Ils font leurs intérêts. Excusez du peu, mais si on avait nommé un des leaders syndicaux qui vocifèrent actuellement, ils seraient tus. J\’ai du respect pour Severin Tchounkeu. Mais cette place n\’est pas la sienne. Parce que lui même n\’est pas un patron de presse respectueux du travail des professionnels.
En plus parce que la Commission de la carte de presse est dans les souliers du gouvernement. Dites-moi les critères pour nommer les patrons de la carte de presse. C\’est un jeu de réseaux qui fait mal à la profession. Je parle du haut de mon expérience d\’ancien journaliste au Cameroun. Maintenant, si vous voulez, j\’aime des solutions, je suis prêt à solliciter de l\’Ordre des journalistes italiens dont je suis membre titulaire, pour soutenir le processus de la construction d\’un mouvement professionnel au Cameroun. Le problème est que les uns et les autres, gouvernement, patron de presses des réseaux, et syndicats m\’ont tellement fait du mal qu\’ils ont presque honte de recevoir une telle aide généreusement offerte. Et je pleure pour des journalistes. Mes anciens compagnons qui méritent de vivre de leur profession ».
Gerry Eba\’a Rédacteur-en-chef New TV, Yaoundé
« Partant de cette citation de Thalès \’\’nul n’entre ici s\’il n\’est géomètre\’\’, la carte de presse si la rigueur est de mise permet d\’assainir le milieu médiatique avec l\’entrée en masse des vautours et râpasses. La carte de presse interpelle aussi les patrons qui doivent s\’acquitter de tous les droits des professionnels de la presse à leurs services. Maintenant les professionnels doivent comprendre que cette Carte de presse n’est pas un passeport pour le paradis mais juste un instrument de travail ».
Thierry Ngogang, Journaliste, Africa 24 TV
« C’est un mal nécessaire. Il faut mettre de l\’ordre dans le désordre. C\’est un début de dératisation ».
Paul Joël Kamtchang, journaliste
« La portée qu\’on veut donner à la Carte de presse me semble être la plus mauvaise piste pour résoudre le problème d\’assainissement de la presse au Cameroun. Tchiroma (Ministre de la Communication, ndlr) et la commission Tchounkeu ne sauraient réduire une carte de presse à un bâton magique. Quelqu\’en soit les résolutions des derniers états généraux de la communication, tant que l\’Assemblée nationale ne l\’a pas validé dans l\’une de ses sessions consacrée à ce genre d\’acte, l\’applicabilité de l\’un de ses actes reste nul et de nul effet.
Plus est, on ne saurait faire qu\’une Carte de presse confère la qualité de journaliste à un individu, c\’est une grosse aberration qui reste jusqu\’ici la marque de fabrique de Issa Tchiroma Bakary. La Carte de Presse n\’a pour vocation que de conférer certains avantages aux journalistes comme l\’accès aux sources d\’information. Encore que dans le contexte actuel, cette carte ne va jamais résoudre cet épineux problème qui reste plus une habitude pour un gouvernement incompétent qui a tout à cacher, qu\’à un contexte de bonne gouvernance où l\’ouverture des sources est la chose la mieux partager. Encore que si ça tient tant à cœur de Tchiroma, il n\’a pas faire passer à l\’Assemblée nationale un texte sur le freedom act comme ça se fait ailleurs dans les pays à démocratie très avancée.
Et puis, je voudrais vous faire constater, que l\’argent que Tchiroma va puiser des poches du contribuable pour mettre à disposition de la commission pour des voyages de plaisir et de pillages comme l\’a annoncé Tchounkeu, est en soit une forme de pillage de nos caisses. Sincèrement, on n\’a pas besoin d\’aller aux USA, en France, en Afrique du Sud et au Sénégal pour voir à quoi ressemble une carte de presse pour la \”contextualiser\” pour reprendre Severin Tchounkeu. Le Nigéria, le voisin le plus proche le fait assez bien depuis des lustres. Encore qu\’il y a déjà eu une commission de carte de presse, je n\’ai entendu Tchounkeu nulle part dire qu\’il va consolider l\’existant, c\’est aussi par ça qu\’on reconnait un travail sérieux.
Tout en emboitant le pas au SNJC(Syndicat National des Journalistes du Cameroun) dont je suis membre, j\’appelle les journalistes soucieux du devenir de notre profession, à ne pas succomber à la fanfaronnade de Tchiroma et son gouvernement qui veulent donner mandat à une commission très contestée pour assouvir leur besogne de musèlement de la presse. Par cet autre acte de plus et de trop, Tchiroma montre bien qu\’il est en mission commandée au Mincom contre la vraie presse ».
Michel Biem Tong, journaliste, Promoteur du site Hurinews.com
« C\’est une initiative qui est la bienvenue car le milieu médiatique au Cameroun est infesté de personnages qui ne méritent pas d\’être considérés comme des journalistes. La carte de presse a donc le mérite de dissocier le bon grain de l’ivraie, de définir qui est journaliste et qui ne l\’est pas. Mais moi je pense que la Commission de délivrance de la carte de presse devrait avoir à sa tête un journaliste pratiquant qui se frotte aux dures réalités de ce métier et non un patron de presse certes respectable (qui fut d\’ailleurs mon patron) mais dont on ne se souvient du dernier fait d\’armes dans le métier. Et il y a à craindre que cette carte de presse soit attribuée à la tête du client et de façon discriminatoire ».
Maurice Foyet, Directeur de Publication, Dream Africa magazine
« Pour qu’elle soit déjà importante, il faudrait d’abord que cette carte de presse donne droits aux avantages tels que : des facilités de service, l’obtention des informations, la réduction des frais à payer pour les hôtels, les déplacements etc…mais une question se pose, celle de savoir si le gouvernement a bien réfléchi sur les conditions de son obtention étant donné qu\’il faut avoir fait des études universitaires. J’apprécie à juste titre cette initiative pourvu qu\’elle soit inclusive et non exclusive. Et il faut saluer cette mesure du gouvernement qui vise à savoir ce que fait n\’importe quel journaliste. Nous n’allons pas juger des personnes sans les avoir vu à l\’œuvre. Pour le moment je fais confiance à l\’équipe conduite par M.Tchounkeu ».
Abraham NDJANA MODO, Rédacteur-en-chef, Magazine L\’ERE DU TEMPS.
« Le problème de la presse en général au Cameroun, c\’est sa précarité ambiante. La convention collective n\’est pas appliquée, l\’attribution de la publicité est discriminatoire. Il faut rendre les entreprises de presse économiquement viables. Dans ces conditions, à mon avis l’assainissement de la presse ne peut pas passer par la seule carte de presse qui ne confère aucun droit ».
Joseph Olinga Ndoa, Journaliste, Quotidien Le Messager
« Il peut effectivement avoir quelques divergences dans l\’interprétation de l\’opportunité d\’une carte de presse au Cameroun. Ces divergences n\’éludent pas l\’importance et la nécessité d\’un outil d\’identification des professionnels et travailleurs de la presse et des médias. La constante de ce débat réside dans le cadre d\’épanouissement de la presse et des médias au Cameroun. Si on s\’accorde sur le fait que le dispositif juridique et réglementaire définit les modalités et le processus de structuration de l\’organe en charge de la délivrance de la carte de presse, on est assurément en accord avec la position des professionnels et travailleurs des médias. Tel que soutenu par le Syndicat national des journalistes du Cameroun (SNJC).
Cette position tient d\’ailleurs du dispositif local et des lois internationales qui disent le rôle des professionnels de la presse et des médias dans la structuration des organisations qui les représentent et défendent leurs intérêts. Ceci n\’est pas le cas dans le contexte camerounais. En prenant compte de l\’existence du principe de la liberté de la presse et de l\’aspiration de celle-ci à être un acteur social et sociétal autonome, on constate en fait que le principe d\’existence et de respect d\’intérêt concurrent essentiel à la démocratie et au développement de toute société ne peut s\’accommoder de la mainmise de la structure gouvernementale dans l\’organisation (réorganisation?) du secteur des médias fragilisé en grande partie par l\’action du système gouvernant.
Franklin Sone Bayen, Journaliste, DP/REC MediaPeople
« Qu\’on nous dise d\’abord qu\’est ce qui a changé. Pourquoi la commission n\’a pas marché la dernière fois, de quelle importance a été la carte de presse à ceux qui l\’avaient contre ceux qui n\’en avaient pas? Quelles mesures ont été prises pour changer? Puis, qui est journalistes? N\’est-ce pas là juste une autre commission sans objet? la carte de presse devrait être un document de grande importance, pour faire la distinction entre qui est journaliste et qui ne l\’est pas, pour octroyer certains avantages aux journalistes comme l’accès aux sources d\’information, l’accès aux institutions de l\’Etat restreintes comme la Présidence de la République, la baisse de prix de certains produits relatifs au travail des journalistes, les voyages, les hôtels, etc. j\’ai entendu le chairman de la commission, Severin Tchounkeu dire que ses amis de la GICAM expriment déjà leurs volonté de donner un coup de main dans ce sens.
Peut-on le prendre aux sérieux? Combien de journalistes pourront demander la carte de presse, si on s\’en tient aux conditions telles que, avoir un contrat de travail, être inscrit a la CNPS, etc? Il n’est pas évident pour Tchounkeu que ses propres journalistes du groupe la nouvelle expression dont équinoxe radio, équinoxe télé et le journal la nouvelle expression, soient à mesure de présenter une demande complète faute de contrat de travail et d’inscription à la CNPS. En plus, Tchounkeu va-t-il retire les cartes que possèdent des non-journalistes obtenues sous Richard Ekoka Sam Ewande, ancien employé (ancien directeur a radio équinoxe), y compris les humoristes, les maquilleuses de son groupe de presse?
Je suis allé plus loin qu\’exige votre question, mais avec tous ces doutes, peut-on croire aux intentions du pouvoir de vouloir vraiment réanimer la commission de délivrance de la carte de presse? Peut-on croire que le pouvoir veut véritablement donner de la valeur aux journalistes? En outre, je voudrais dire qu\’on doit plutôt parler de cartes de presse, parce qu’il s\’agit de deux cartes: une carte pour des journalistes et une autre pour les métiers connexes de la presse, comme les photographes, les cadreurs, les preneurs de son, les monteurs, etc. pourquoi on n\’en parle pas si vraiment il y a des bonnes intentions? Pourquoi donner la carte des journalistes aux humoristes, aux animateurs/disc jockeys et aux cadreurs? J’espère et souhaite qu\’il nous surprenne.
Nchechuma Banla, ancien journaliste Crtv
« C\’est un document très utile et important pour notre profession. Il va aider à purger la profession de toutes les friperies qui salissent l\’image de la profession. Cette carte de presse pourra aussi ouvrir la voie à beaucoup d’avantages aux détenteurs. Et pourquoi pas l’accès aux sources d\’information officielles. Mais il faudra la transparence et l\’objectivité de la part des membres de la commission ».
Mathieu Youbi, Correspondant Rfi
« Elle est primordiale car elle va contribuer à réguler le secteur qui en a tant besoin. Dans les grands pays démocratiques ce sésame existe et on sait qui est journaliste. Tel n’est pas le cas au Cameroun. Donc c’est une bonne avancée ».
propos recueillis par la rédaction
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